17.10.08

À propos du livre

À l’origine, un désir de voyage…

Plume nomade conte un voyage de huit mois sacs aux dos que Chris et moi avons vécu de fin juin 2005 à fin février 2006. A l’époque, désireux de tenter quelque chose aux antipodes de notre mode de vie sédentaire, nous voulions partir pour une longue période de nomadisme, mais aussi d’étrangeté et de remise en question. L’Asie – et la Chine en particulier – s’étaient imposées comme destination : à nos yeux, elles incarnaient une différence radicale en matière de religions, de coutumes et de langues, soit une occasion exceptionnelle de rencontrer une grande diversité d’hommes et de femmes, mais aussi de se mettre en difficulté, de se plonger dans un inconfort tant mental que physique, de se secouer et de se tester un peu.

Au fil des aventures, des rencontres, des coups de gueule, des imprévus, des révélations et des fous rires qui ont façonné les innombrables anecdotes glanées dans le gras de la chose, nous nous sommes peu à peu rendus compte que nos questions en couvaient d’autres, parfois des plus inattendues : comment balancer la force de nos habitudes et la nécessité de s’adapter ? La confiance pouvait-elle naître d’un sentiment de vulnérabilité ? Où donc plongeaient nos racines ? Et qu’était cette étrange sensation de délestement, de délicieuse légèreté, qui nous envahissait peu à peu ? 

Au retour, un besoin de partager…

De retour, nous avons été surpris par le nombre de personnes qui avaient apprécié les anecdotes rédigées vaille que vaille en cours de route et qui en redemandaient encore, alors que nous trouvions particulièrement difficile d’expliquer en détail et par oral ce que nous avions vécu. De notre côté, nous avions par ailleurs l’impression d’avoir tellement reçu au cours de ce voyage, en matière d’accueil, de gestes d’amitié, de coups de pouce… que nous avons éprouvé l’envie, voire le besoin, de partager tout cela, de continuer à faire circuler et fructifier cette expérience vivifiante.

J’ai donc rassemblé les centaines de notes prises en cours de route, les photos de Chris, les souvenirs, les tickets de bus, consulté notre carnet de comptes, etc., et pris un peu plus d’un an pour en faire le récit. Assez vite, je me suis aperçue que l’écriture me portait plus loin que la simple description d’un itinéraire : il fallait que le lecteur se sente happé par l’histoire comme nous l’avions été par ces huit mois hors du commun, qu’il puisse partager nos émotions et se plonger sans retenue dans l’aventure. C’est ainsi que les pages se sont rapidement accumulées…

Si écrire a permis de repenser ce voyage et de comprendre a posteriori certaines choses jusque-là ressenties mais pas nécessairement formulées, à l’inverse, l’expérience du voyage a commencé à déteindre sur celle de l’écriture, impliquant légèreté, humour, détours de la pensée, remises en question et dialogues. De même, se sont imposés certains belgicismes et quelques tournures à la limite de l’idiome : le lecteur s’en trouvera peut-être un peu perplexe, parfois même en situation d’inconfort, voire d’incompréhension… ce qui, je l’espère, titillera sa curiosité et son imagination, comme nous l’avons maintes fois vécu en chemin.

Parce que le monde est ravissement, comme le dit si bien Orhan Pamuk, j’ai tenté tant bien que mal de traduire et de transmettre ne fût-ce qu’un peu du plaisir éprouvé, des beautés rencontrées, du bonheur et de la difficulté de sentir son regard progressivement modifié par l’expérience du déplacement. Pourvu que vous puissiez, vous aussi, goûter le sel de cette traversée humaine.

Mais trève de bavardages : nous pourrions en parler pendant des heures, si rien ne valait une bonne lecture… 

Marianne